#8 Pourquoi mon enfant de petite section tape tout le monde… même la maîtresse ?

Parce qu’il a 3 ou 4 ans.

Et qu’à 3 ou 4 ans, on ne naît pas diplomate.

On réagit avec son corps avant d’avoir des mots, on se défend avec ses mains avant d’avoir un lexique, on teste l’autre avant de comprendre la conséquence.

Un enfant qui tape n’est pas un enfant “méchant” —

c’est un enfant non équipé (encore).

Taper, à cet âge, c’est un langage primitif

Quand un adulte tape, c’est inquiétant.

Quand un tout-petit tape, c’est prévisible.

Il tape parce que :

• il ne sait pas encore attendre,

• il ne sait pas dire “stop”,

• il ne sait pas gérer la frustration,

• il vérifie les limites pour comprendre où elles sont.

Il ne tape pas contre quelqu’un.

Il tape par manque d’alternative.

Et pourquoi il peut frapper… la maîtresse ?

Parce qu’à cet âge, l’adulte n’est pas une figure sacrée.

Il est un régulateur qui prend la vague à la place des autres.

Un enfant qui tape l’enseignante ne révèle pas une défaillance de l’école —

il révèle exactement pourquoi l’école est nécessaire :

pour qu’il apprenne à ne plus le faire.

Le vrai danger, ce n’est pas qu’il tape.

C’est qu’on croit qu’il sait déjà faire autrement.

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas le geste.

C’est le parent qui dit :

« À son âge, il devrait savoir. »

Alors qu’à son âge, non, il ne sait pas encore.

La petite section est précisément l’endroit où ça s’apprend :

avec un adulte qui encaisse, régule, verbalise, répète, re-répète, re-ré-répète —

jusqu’à ce que ça s’intègre.

Ce que vous pouvez faire, vous, à la maison

Pas d’humiliation, pas de discours tragique, pas de procès moral.

Juste des repères simples, répétés, cohérents :

• « Tu n’as pas le droit de taper. »

• « Si tu veux quelque chose, tu demandes. »

• « Si ça t’énerve, tu viens chercher un adulte. »

Toujours pareil. Toujours calme. Toujours court.

L’éducation se construit par constance, pas par séisme.

Un enfant qui tape à 3 ans n’est pas un problème.

Un enfant de 10 ans qui tape encore en est un.

Entre les deux, il y a l’école —

justement pour faire le pont entre l’un et l’autre.