#6 Lettre ouverte aux parents qui voudraient tout comprendre
Chers parents,
Nous savons que vous aimez vos enfants. Nous savons aussi que vous voudriez qu’ils soient heureux, épanouis, compris, protégés, valorisés, jamais tristes ni frustrés.
Mais permettez-nous de vous dire une chose essentielle : vouloir tout comprendre, c’est parfois trop.
Quand vous interrogez chaque soir votre enfant sur “ce qui s’est passé aujourd’hui”, il vous répond ce qu’il peut — c’est-à-dire un peu de vrai, un peu d’imaginaire, et beaucoup de ce qu’il croit que vous avez envie d’entendre. Pas par malice : parce qu’il a 4 ans, qu’il vit dans l’instant, et qu’il n’a pas encore les mots pour tout dire.
Quand vous décortiquez chaque dispute, chaque coup d’œil de travers, chaque “il m’a tiré la manche”, vous lui apprenez surtout qu’il faut rendre des comptes et inquiéter les adultes.
L’école devient alors un terrain miné au lieu d’être un lieu d’expérience.
Chers parents, votre enfant ne vous cache pas sa vie. Il essaie simplement de la vivre.
Il a besoin de jouer, d’oublier, de se disputer un peu, de se réconcilier beaucoup, et de recommencer demain sans qu’on lui demande d’en faire une analyse émotionnelle détaillée.
Laissez-lui le droit d’avoir des zones floues, des petits secrets, des émotions qui passent sans qu’on les nomme. C’est ainsi qu’il devient autonome, pas en parlant chaque soir sous la lampe d’un interrogatoire bienveillant.
Ayez confiance.
En lui, d’abord : il apprend à grandir.
En nous, aussi : nous veillons sur lui, avec exigence et tendresse, sans tout comprendre — mais en comprenant l’essentiel. Kévin voulait juste que Dorian avance dans le rang.