#12 Vouloir des résultats immédiats ou l’auto-sabotage de la parentalité
On ne le dit pas assez frontalement :
ce qui épuise les parents aujourd’hui, ce ne sont pas les enfants — ce sont leurs attentes.
Un enfant qui ne dort pas « doit » dormir dès demain.
Un enfant qui pleure à la séparation « doit » arrêter vite.
Un enfant qui tape « doit » cesser immédiatement.
Tout ce qui dure est perçu comme un échec.
Tout délai est vécu comme une faute parentale.
Le problème, ce n’est pas la difficulté —
c’est l’intolérance à la durée de la difficulté.
Pourquoi cette impatience existe ?
Parce que les parents sont déjà épuisés
Quand on est au bord, on ne tolère plus le temps long.Parce qu’on vit dans l’immédiat partout ailleurs
Amazon livre demain, Netflix charge en 0,2 seconde ;
le cerveau s’habitue au “tout de suite”.Parce que la parentalité est devenue évaluée
Si ça ne marche pas vite, c’est que “quelque chose cloche chez moi”.
Or l’enfant n’apprend que par lenteur
La séparation se construit par exposition répétée.
Le sommeil se régule par routines répétées.
L’autorégulation émotionnelle se forme sur des mois, pas des jours.
Le langage, le geste, la posture… se tissent dans la durée.
Aucun apprentissage vivant ne suit la temporalité d’un adulte pressé.
L’attente d’immédiat produit l’effet inverse
Quand un parent veut un résultat vite, il change souvent trop vite de méthode :
nouvelle phrase, nouveau cadre, nouveau ton, nouveau livre, nouveau psy, nouvelle injonction.
Ce qui était en train de se consolider est cassé avant d’avoir eu le temps de prendre.
On redémarre en permanence à zéro, puis on accuse l’enfant de ne pas progresser.
Le bascule mentale à faire
Il ne faut pas se demander :
“Qu’est-ce qui marche dès demain ?”
Il faut se demander :
“Qu’est-ce que je suis capable de tenir 30 jours d’affilée ?”
Parce que dans l’éducation comme dans le vivant :
ce n’est pas l’action qui produit le résultat ; c’est la répétition.